Tout était calme aux champs de carottes. Les plantes commençaient à repousser malgré les dégâts provoqués par Tétralian.
De l'eau tourbillonna devant la maison d'Abricot et dans une puissante lumière, le jeune Oëna apparut.
Dès son arrivé sa grand-mère sortit de la maison et dit :
-Nous devons parler Abricot, c'est important !
L'Oëna resta sans voix. Comment savait-elle qu'ils devaient se parler ? Et surtout comment a-t-elle su qu'il allait arriver ?
Toutes ces questions se bousculaient dans sa tête. Il entra dans la maison avec une certaine appréhension. Sa grand-mère était assis sur la canapé, Abricot s'installa dans le fauteuil en face.
-Si cela ne t'embête pas, j'aimerai parler en premier.
-Nous allons discuter de la même chose alors tu peux commencer.
-Mais...Bon...Tu as l'air au courant, cela me surprend mais voilà de quoi je voulais te parler...Je t'ai vu dans une de mes visions ! Ces visions ont eu lieu il y a quelques années, je ne comprends pas pourquoi tu ne m'en as parlé avant ! Tu sais très bien que j'ai oublié une partie de mon passé...
-Mon cher Abricot...Je dois t'avouer quelque chose...Je ne suis pas réelle...C'est toi qui m'a créé à l'aide de ton souvenir de moi...Je ne suis fait que d'eau, je suis là pour m'occuper de toi mais ma mission est terminée...Je suis liée à toi vu que je viens de tes souvenirs, j'ai senti que tu avais des doutes à propos de moi, c'est pour cela que je t'ai tout révélé.
Abricot resta sans voix sans voix. Après quelques minutes, il reprit la parole :
-C'est moi qui t'ai créé ? Pour t'occuper de moi ? Donc tu n'es qu'un souvenir...Je n'ai vraiment plus de famille...
-Techniquement, je suis de ta famille car je proviens de tes souvenirs de ta grand-mère...
Abricot se releva subitement.
-Je ne veux pas de tes "techniquement" ! Tu viens de m'apprendre que je vis seul depuis des années ! Que je t'ai créé à partir de souvenirs donc j'ignore en partie l'existence ! Et tu crois que je suis content d'apprendre que "techniquement" tu es de ma famille ?
Sa grand-mère se leva et sortit de la maison, Abricot la suivit et s'exclama :
-Je ne t'en veux pas...Tu t'es occupée de moi ou plutôt...Je me suis occupé de moi...Mais à présent, que vas-tu faire ?
Sa grand-mère se retourna, le vent faisant voler ses bouclettes blanches :
-Je vais disparaître...Je n'ai jamais vraiment eu de conscience tu sais...Alors adieu et bon courage...
Des larmes coulèrent de ses yeux, puis de ses bras, de ses jambes. Et soudainement elle explosa en un milliers de gouttes qui s'envolèrent au vent. Abricot regarda le ciel pendant quelques minutes puis se tourna vers la maison :
-Il faut aller de l'avant à présent, je ne pense pas revenir ici...Je ne le pourrais pas.
Il sortit le costume, fait par sa grand-mère, de son sac. Il alla les poser dans la maison puis en ressortit tristement. Il sortit le sort d'explosion de son sac et le lut attentivement. Il jeta un dernier regard à cette maison puis recula.
Il forma une sphère orangée entre ses mains puis la lança dans la maison. Une puissante lumière jaillit des fenêtres et de la porte, un énorme bruit fit reculer Abricot. Quand il rouvrit les yeux, il ne restait plus que les fondations de la bâtisse. Il lança des milliers de gouttelettes, d'un geste élégant, sur la maison. Une légère fumée s'en échappa puis plus rien. Il aperçut alors un paquet poussiéreux, il alla le chercher puis le rangea dans son sac.
Le vent souffla sur la maison, comme pour effacer cette triste journée. Abricot se mit en route, sans vraiment savoir où il allait.